Commission ECO – Philosophie de l’Émergence et de la Complexité appliquée à l’Ostéopathie

L’objectif de cette commission est de créer des groupes de travail en vue de produire une base de textes destinés à définir l’apport de la pensée complexe et systémique à l’ostéopathie. La commission cherchera à faire avancer l’ostéopathie dans ses bases épistémologiques, éthiques, énergétiques et complexes. Les groupes de travail chercheront les différentes façons de relier les applications déjà existantes de la pensée émergentiste et de nouvelles applications à la pratique de l’ostéopathie, à sa recherche, à sa compréhension et à son évaluation.

La commission cherchera à établir un nouveau cadre fondamental de recherche. Elle sera habilitée à produire des recommandations pédagogiques et didactiques, à produire des guides de concepts philosophiques en s’appuyant sur la pensée complexe et des conseils pour les responsables des cliniques étudiantes. Cette commission pourra aider à renouveler l’épistémologie de l’ostéopathie, une sémiologie complexe ostéopathique avec un calendrier établi par la commission suivant une réflexion entre l’Académie et la commission. Le calendrier sera mis à jour en fonction des objectifs de rédactions et des possibilités de publications.

La commission et l’Académie aideront les auteurs à publier dans des revues de rang A, par une relecture, une association de rédaction (en fonction des disponibilités), ou des rédactions collectives.

La commission ayant produit un budget provisionnel nanti par crowdfunding, elle ne peut pas fait appel à participation aux membres de l’Académie sous peine de générer des frais supplémentaires impossibles à financer. Le coordinateur de la commission, ostéopathe désigné par le bureau de l’Académie, disposera d’un temps d’échange et de réflexion avec la commission pour faciliter les échanges scientifiques entre l’Académie et la commission ECO.

Responsables de la Commission: Fabien Revol, Marjolaine Bouassier, Renaud Rannou, Emmanuel Protière. Lien avec l’Académie : Chantal Ropars et François Delcourt.

Résultats

Les résultats de la commission sont disponibles en ligne, article par article ou en tant que dossier complet dans l’ApoStill 28 (en version numérique ou papier).

Nous remercions toutes et tous les participant·e·s au crowdfunding ayant permis l’aboutissement de ces nombreuses années de travail.

Contenu du dossier

Philosophie de l’Émergence et de la Complexité appliquée à l’Ostéopathie, de la commission ECO, sous la direction de Fabien Revol

 


Édito

Avec la parution de cette 28ème édition d’ApoStill, nous fêtons les 25 ans de l’Académie d’Ostéopathie.

Cinq ans déjà depuis la dernière parution papier… Bien sûr, d’autres articles ont été publiés depuis lors sur le site de l’AO. Et pourtant nous gardons ce numéro exclusivement pour le Dossier Philosophie de l’Émergence et de la Complexité appliquée à l’Ostéopathie (ECO). Pourquoi ?

Il nous paraît mieux célébrer cet événement assez extraordinaire d’une coopération au long terme entre l’Université et l’Académie d’Ostéopathie. En effet les articles présentés ici sont, pour 4 d’entre eux, des articles issus de mémoires de fin d’études du D.U. de Philosophie de l’Ostéopathie proposé par l’UCLy (Université Catholique de Lyon). Les auteurs et autrice faisaient partie des deux premières promotions 2014 et 2015… ECO a vu le jour, est devenue une commission de l’Académie…

Cette coopération illustre combien des savoirs et des moyens conjugués aboutissent à une œuvre qui dépasse si largement le travail d’un seul ! Cet écrit est le fruit d’un temps d’enseignement, de maturation, de réflexion, de concrétisation, de mise en commun, de recherche de moyens financiers, de fabrication de rétributions, d’efforts constants de compréhension, de relecture par des ostéopathes et par des scientifiques spécialistes du sujet, autant en Europe qu’outreAtlantique. Leur générosité seule les a convaincus doffrir leur temps pour ce travail…

Ce temps de travail, dans la revue que vous lisez, est donc assez impressionnant… puissiezvous le savourer à chaque page, ainsi que la richesse des réflexions qu’elles contiennent. Ouvrez grand votre esprit, tout n’est pas simple et il faut peutêtre parfois relire et annoter pour intégrer ces données qui nous semblent fondatrices*.

Mais quel bonheur ensuite de réfléchir avec ces outils à l’Ostéopathie, de pouvoir en parler avec des scientifiques d’un vocabulaire commun. Enfin une via media pour penser l’Ostéopathie

Selon l’expérience des DODUs**, sans que nous en saisissions tout à fait l’origine, soudain nous modifions imperceptiblement notre façon de travailler, de réfléchir, et nos mains font différemment, à notre insu ou avec quelque conscience de cela.

Un immense merci

Tout spécialement à Fabien Revol pour avoir partagé ses connaissances et encadré ce dossier.
À JeanMarie Gueullette qui a initié ce D.U. pour des ostéopathes à l’UCLy.
Aux auteurs et autrice, pour leur partage et leur patience.
Aux nombreuses personnes qui ont aidé par leurs connaissances en relisant et corrigeant.
Aux aides techniques indispensables pour réaliser la version numérique et papier.
À Vous qui soutenez l’Académie pour que ces écrits existent !

Bonne lecture et bonne découverte de votre travail ensuite

Chantal Ropars
Présidente de l’Académie d’Ostéopathie

* Raison supplémentaire pour vous offrir ApoStill 28 en format papier. Pensez bien à renseigner votre adresse postale quand vous achetez la version en ligne. Il arrivera avec le printemps…
** DODUs, expression d’Alain Andrieux désignant les titulaires du D.O. d’Ostéopathie et du D.U. de Philosophie d’Ostéopathie.


Pour introduire le propos…

En tant que métier, l’ostéopathie est une profession riche d’une tradition de pensée empirique qui a longtemps cherché les termes de sa définition. D’un point de vue clinique, la diversité de l’expérience de soin en ostéopathie atteste d’une importante vitalité du métier au chevet du patient. La création du cadre légal d’exercice en France en 2002 participe du questionnement collectif sur la nature de la pratique ostéopathique.

Depuis quelques années, des chercheurs universitaires se sont posé la question de savoir ce que désigne vraiment la pratique ostéopathique ou, pour le dire autrement, ont posé la question de savoir ce que désigne l’ostéopathie quand on en vient à la considérer comme discipline.

En dehors de la médecine allopathique, à distance du discours scientifique commun, l’ostéopathie soulève en effet des questions qui lui sont propres et dont les termes restent encore à être définis. En tant que discipline, l’ostéopathie se présente comme une branche de savoir, promotrice de ses représentations, capable de créer ses propres outils de réflexion ainsi que d’élaborer une expertise originale sur le monde, sur la personne humaine et, en particulier, sur le soin.

L’intérêt récent de la philosophie, et en particulier de la philosophie des sciences, pour l’ostéopathie relève à ce titre d’une aide inédite et bienvenue. La philosophie des sciences est une partie de la discipline philosophique qui a pour vocation de rendre explicites les implications des énoncés scientifiques. Ainsi, l’idée que les astres célestes sont en mouvement n’a pas le même sens que de penser qu’ils sont fixes.

Ce sont aux implications implicites de la pensée et de la pratique ostéopathique que s’intéresse le groupe ECO aujourd’hui. Formé d’ostéopathes ayant validé le Diplôme Universitaire de Philosophie de l’Ostéopathie (Université Catholique de Lyon), menés par le philosophe des sciences Fabien Revol et adossés au Centre Interdisciplinaire d’Éthique de la même université, le groupe ECO s’attache à définir l’apport de la pensée complexe et systémique propre à l’ostéopathie et forme le projet de contribuer à l’élaboration d’un cadre de réflexion qui soutienne la recherche fondamentale en ostéopathie, contribue aux recommandations pédagogiques et donne à l’ostéopathie un langage respectueux de la sémiologie qui lui est propre. À rebours d’une recherche qui serait scientifique d’un côté et strictement conceptuelle de l’autre, l’enjeu est de trouver une via media qui n’exclut aucun des termes de l’ostéopathie et qui donne son unité à la discipline ostéopathique.

L’originalité de la proposition du groupe ECO réside dans sa tentative de dépasser l’opposition classique en médecine entre vision mécaniste d’une part et représentation vitaliste d’autre part, afin de saisir l’ostéopathie dans son unité. Il s’agit, à partir du concept philosophique de l’émergence, de faire ressortir les liens complexes qui unissent la définition de la matière à ses propriétés labiles en évitant l’écueil d’une représentation de la matière inerte ou, a contrario, celle d’une vision spiritualiste de celle-ci. C’est parce que l’ostéopathie témoigne d’une expérience du corps changeant et que le discours et l’expérience des ostéopathes rendent compte de l’émergence de phénomènes inédits entre leurs mains que la théorie de l’émergence a semblé pertinente au groupe ECO.

C’est sur la base d’un partage de discours similaires entre ostéopathes qu’il semble possible, à partir de la théorie de l’émergence, de trouver une théorie qui permette le développement d’un langage commun. C’est à partir du repère, dans les expériences intersubjectives des ostéopathes, d’éléments communs qu’il devient possible de trouver les critères garants de la disciplinarité de l’ostéopathie et de combler le déficit d’objectivité dont la clinique ostéopathique ne permet pas de rendre compte stricto sensu.

Avec la théorie de l’émergence appliquée à l’ostéopathie, il ne s’agit plus de penser exclusivement la perception ostéopathique au niveau de l’expérience du soignant, mais d’amener la réflexion au niveau de la saisie des phénomènes qui se produisent aux différents niveaux de complexité systémiques du vivant en situation de soin ostéopathique. Il s’agit ainsi de rencontrer le matérialisme scientifique dans ses développements les plus contemporains pour admettre l’existence de phénomènes dynamiques caractéristiques du vivant, phénomènes sur lesquels l’ostéopathie produit de l’expertise disponible pour le soin certes, mais aussi pour les sociétés humaines en termes de ressource de savoir au bénéfice des personnes et des collectivités.

V. ROUDENKO-BERTIN,
Ostéopathe DO,
Titulaire du D.U. de philosophie de l’ostéopathie et du Master 1 d’Histoire et de Philosophie des Sciences.